Y a-t-il encore un DAF dans votre entreprise ?
La fonction de directeur financier ou directeur administratif et financier ne risque évidemment pas de disparaître. Mais, un peu partout, elle se transforme à tel point qu’elle en arrive parfois à changer de nom.
Lorsque ses responsabilités s’étendent aux enjeux extra-financiers, faut-il désormais l’appeler directeur des valeurs ?
La DAF, pilote des finances et de la RSE ?
Parmi les grandes nouveautés qui impactent les entreprises, il n’y a pas que la transformation digitale. La RSE (responsabilité sociale et environnementale) les entraîne également dans une profonde transition.
Bien que la RSE s’intéresse principalement à des éléments extra-financiers, de nombreuses entreprises en confie le pilotage à leur direction financière. Faut-il s’en étonner ?
La dernière étude annuelle PwC – DFCG sur les priorités des DAF l’indique clairement : la RSE figure, avec la data, comme l’une des deux nouvelles tendances majeures. Ainsi, 73 % des DAF prévoient d’intégrer la RSE dans leur modèle de pilotage d’ici 3 ans.
Ce mouvement s’inscrit aussi dans une évolution de la réglementation européenne. À partir de 2024, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) remplacera la NFRD (Non Financial Reporting Directive). Outre le fait qu’elle s’impose à davantage d’entreprises, elle implique surtout de renforcer le reporting sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et gouvernance), considérés comme de véritables indicateurs de pilotage global.
Les DAF occupent déjà un rôle central dans l’entreprise.
Non seulement ils supervisent le reporting, mais leur contribution au pilotage stratégique d’ensemble est capitale. Elle concerne la performance financière bien sûr. Elle s’étend de plus à l’organisation et aux processus.
Et désormais, les DAF intègrent franchement les considérations extra-financières dans ce pilotage. Car la performance se mesure également en fonction de ces critères.
Aussi, il faut bien reconnaître que les éléments extra-financiers finissent indirectement par avoir des impacts financiers. La taxonomie verte européenne et le marché du carbone sont probablement les déclencheurs les plus visibles de ce phénomène. C’est pourquoi, par exemple, le DAF prend en charge le calcul de l’impact carbone de l’entreprise.
Le nouveau profil des DAF passe par la formation
Encore majoritaire, le modèle d’organisation avec les domaines finance et RSE bien compartimentés est en voie de disparition. Mais les DAF ont-elles les profils pour s’emparer des sujets ESG ?
Les formations supérieures en finance évoluent en ce sens. Cependant, le recrutement de jeunes diplômés formés à la transition écologique ne suffira pas. Ses effets ne se feront sentir que très progressivement.
Les directeurs financiers et leurs équipes doivent donc se former aux domaines de la RSE. Cet apprentissage a d’ailleurs vocation à être continu, notamment parce que la RSE évolue en permanence. Il inclut également la transformation des méthodes de travail, la culture d’entreprise, le télétravail
Compte tenu de sa position dans l’entreprise, le DAF peut ensuite lui-même sensibiliser l’ensemble des directions et autres parties prenantes aux enjeux de la RSE.
Alors, DAF ou directeur des valeurs ?
Dans les startups, les multinationales et les entreprises de pays anglophones, le sigle CFO (Chief Finance Officer) cède déjà du terrain. Il devient parfois CVO (Chief Value Officer) ou CIO (Chief Impact Officer).
Le CIO est plus souvent une évolution du responsable RSE. Le CVO, quant à lui, correspond vraiment à cet élargissement des responsabilités du directeur financier, intégrant le pilotage de la création de valeur extra-financière.
Alors, en France, il faut se préparer à ce que nos directeurs financiers deviennent directeurs des valeurs. Après tout, pour les projets à financer, ne posent-ils pas déjà la question de la valeur en plus de celle du retour sur investissement en euros ?
